Le respect n’a pas de terminus !

          Le respect n’a pas de terminus et la mobilisation contre les violences faites aux femmes dans les transports ne s’arrête jamais ! Relevons les yeux. Refusons l'indifférence complice. Ensemble, nous pouvons faire reculer les violences et faire des transports ce qu'ils doivent être : des lieux de vie apaisés, où chacun et chacune a rendez-vous avec sa sécurité.

En Essonne, département de connexion, la question des violences faites aux femmes dans les transports n’est pas un sujet traité à la légère. Nos infrastructures – qu'il s'agisse des RER, des routes départementales ou des futurs cars express – doivent offrir à tous, et en particulier aux femmes, la garantie d'une mobilité sûre : le respect n’a pas de terminus, c’est par ces mots que je prolonge le combat que j’ai commencé au Ministère des Transports.

Nous avons tous été choqués par une vidéo largement relayée sur les réseaux sociaux mi-octobre, qui montrait l’agression de Jhordana, une Brésilienne de 26 ans, victime d’une tentative de viol dans le RER C. Elle a été secourue par une autre passagère qui a eu le courage d’intervenir et de filmer la scène avec son téléphone portable pour faire fuir l’agresseur. Ces images sont traumatisantes pour tous ceux qui les ont vu mais elles prouvent aussi que nous avons tous un rôle à jouer quand il est question de sécurité.

Les violences dont les femmes sont victimes sont le problème de tous

La protection des usagers comme des agents, est essentielle pour faire des transports un lien apaisé qui unit les territoires et les personnes. L’accès à la mobilité est au cœur de la promesse républicaine. Les transports sont bien plus qu'un simple moyen de déplacement : ils sont des lieux de vie, de brassage, de rencontre.

Chaque jour, des millions de voyageurs empruntent nos réseaux en Essonne et en Ile-de-France. Pour donner un exemple, la seule gare de Juvisy-sur-Orge a vu passer plus de 40 000 000 voyageurs en 2024, soit presque 2 000 fois la population de la ville. Pour certains, ces trajets sont synonymes de liberté, d’insouciance avant ou après une journée de travail, de mini-voyage. Mais pour un grand nombre de femmes encore, prendre les transports en commun est une épreuve, un sport de combat subi, une source d'angoisse, un espace et un temps où leur sécurité n'est pas garantie.

Les chiffres sont éloquents et inadmissibles. En 2023, 4 091 actes de violences sexistes et sexuelles ont été recensés dans les transports en commun, soit une augmentation de 15 % par rapport à l'année précédente. Plus de la moitié de ces atteintes sont commises en Île-de-France. Ces statistiques révèlent des femmes harcelées, agressées, insultées, blessées. Elles ne disent pas le nombre de femmes qui renoncent à certains trajets, qui adaptent leurs horaires, qui vivent dans la crainte, qui réduisent leur liberté.

Cette hausse des signalements traduit certes une libération de la parole – un progrès que nous devons saluer – mais elle révèle surtout l'ampleur de ce phénomène insupportable et détestable des violences sexistes et sexuelles dans les transports comme partout ailleurs, et qui est le problème de tous.

Un engagement collectif pour des transports sûrs

La Région, la RATP, la SNCF ainsi que les opérateurs de transport se mobilisent toujours plus, nous devons tous l’être car nous sommes tous concernés.

Des dispositifs existent : signaler les faits aux agents, connaître et diffuser le dispositif « Demandez Angela » aux abords et sur les chemins vers les gares, composer le 3117, numéro d'alerte dédié aux victimes et témoins de violences. De leur côté, les équipes de sûreté ferroviaire, les agents RATP, les forces de police et de gendarmerie sont de plus en plus formés aux questions des violences sexistes et sexuelles, et sont mobilisés quotidiennement pour assurer la protection.

Je continuerai à plaider et à agir pour la modernisation des dispositifs de prévention et de vidéoprotection dans les gares et dans les rames. Les progrès en matière de reconnaissance algorithmique doivent être poursuivis et utilisés efficacement avec l’évolution législative judicieuse nécessaire.

Mais au-delà des moyens techniques et humains, c'est notre capacité collective à créer un environnement hostile aux agresseurs qui fera la différence. C'est notre vigilance, notre solidarité, notre refus de la passivité qui transformeront les transports en lieux véritablement partagés et apaisés. Apprenons, par exemple, à reconnaître les signaux d'alerte, à intervenir en toute sécurité grâce aux méthodes comme celle des « 5D » : Distraire, Documenter, Diriger, Déléguer, Dialoguer, à signaler sans hésiter.

Parce que le respect n'a pas de terminus et que la sécurité est le meilleur compagnon de voyage.

François Durovray

Ancien ministre chargé des Transports

Président du Département de l'Essonne

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