L’été, veillons ensemble sur l’essentiel
Les beaux jours invitent à la détente et au relâchement - c’est un besoin vital, une respiration nécessaire pour chacun. Mais des domaines échappent à cette pause estivale : la vigilance y demeure immuable, et la sécurité en fait partie. Sur les routes, dans nos foyers, au creux des sentiers et dans l’ombre des forêts essonniennes, chaque été, des femmes et des hommes se mobilisent sans relâche, veillant sur nos vies et celles de nos proches.
Cette mission repose d’abord sur un pilier concret et essentiel : le service départemental d’incendie et de secours. Peu de gens le savent, mais ce sont les Départements qui financent les pompiers. En Essonne, plus de 100 millions d’euros par an sont nécessaires pour faire vivre sur notre territoire un corps d’intervention et de secours qui compte plus de 3 000 personnes - professionnels, volontaires, personnels administratifs - et qui réalise chaque année près de 100 000 interventions. C’est un budget conséquent, au nom d’un service public essentiel : derrière les chiffres, ce sont nos vies qu’il faut protéger. Ce sont, depuis plusieurs jours, des milliers de pompiers qui sont mobilisés à travers l’Europe face aux feux dévastateurs qui font rage, de la France aux Balkans.
Secourir, prévenir, protéger
400 000 appels sont traités chaque année par les pompiers essonniens, avec le SAMU. Leur action est précieuse, et leur engagement total. Ils interviennent sans relâche, dans toutes les situations - dont certaines sont parfois évitables.
C’est le cas de l’incendie de Ris-Orangis, sur un terrain en friche appartenant à l’État, pourtant identifié de longue date comme à risque. La mobilisation exemplaire pendant plusieurs jours de 150 pompiers a permis de maîtriser le feu, empêchant une catastrophe de plus grande ampleur. Ce type d’incident, évitable, appelle des réponses à la hauteur. L’inaction est bien plus coûteuse que la prévention. Préserver nos forces, c’est aussi une forme de justice pour les habitants, dont la tranquillité repose sur des moyens limités.
Durant les chantiers nécessairement estivaux, un incendie s’est également déclaré sur la toiture du Collège Roland Garros, à Saint-Germain-lès-Arpajon. Rapidement maîtrisé, il met en lumière les risques liés aux travaux que nous conduisons l’été dans nos établissements. Ces travaux, indispensables à l’entretien et à la modernisation de notre patrimoine éducatif, se déroulent dans un calendrier resserré, à l’écart des élèves. Là encore, la réactivité des sapeurs-pompiers a permis de contenir le sinistre, et tout est mis en œuvre pour assurer l’ouverture du collège à la rentrée.
Ces événements rappellent l’importance de l’anticipation, de la coordination et du soutien constant à celles et ceux qui veillent sur nous.
Routes : une cause nationale oubliée
La sécurité, c’est aussi une affaire de responsabilité partagée. Sur les routes, où l’été voit revenir les grands départs, les imprudences banalisées. Ce sont plusieurs milliers de vies qui basculent. En 2024, plus de 3 000 personnes sont décédées sur les routes françaises - c’est l’équivalent d’un crash d’avion par mois, dans une forme d’indifférence collective devenue insupportable.
Je refuse que nous détournions les yeux. En tant que Président du Département de l’Essonne, et précédent ministre des Transports, je plaide pour un objectif clair : zéro mort sur les routes à l’horizon d’une génération. C’est possible : cela passe par l’éducation, la prévention, les nouvelles technologies, des infrastructures pensées pour tous les usagers - cyclistes, piétons, automobilistes - et par une exigence sans faille envers les comportements dangereux. On ne traverse pas l’été les yeux fermés, ni sur l’autoroute, ni au volant de nos responsabilités.
Après le décès tragique du cycliste Paul Varry, j’ai lancé avec Emmanuel Barbe une mission dédiée à la lutte contre les violences routières, qui ne sont ni des faits divers ni des fatalités. Quatre axes ont structuré ce travail : éducation continue, prévention, adaptation des infrastructures aux usagers vulnérables, et renforcement des sanctions. Le rapport rendu en avril mérite d’inspirer une politique publique ambitieuse. Parmi mes propositions : associer les délinquants routiers à des travaux d’intérêt général, modifier la culture de la route, instaurer une formation continue, et soutenir l’innovation technologique via l’intelligence artificielle.
Face à ces drames quotidiens, les Français sont prêts à s’engager pour une cause nationale porteuse d’avenir : éradiquer la violence routière. Redonnons à la politique sa capacité à protéger et à agir efficacement.
Protéger les absents, renforcer la présence
Les communes se mobilisent pour faire des vacances une période de tranquillité. Je veux saluer l’engagement des polices municipales et nationales, qui veillent sur nos quartiers grâce à des dispositifs comme l’« Opération tranquillité vacances ». Ce service gratuit et accessible à tous permet à chacun de s’absenter l’esprit plus léger, en sachant que son domicile sera régulièrement surveillé.
Protéger nos concitoyens, ce n’est pas créer une société de la peur : c’est nourrir une société de la confiance. Cette confiance, elle se gagne par des actes, des moyens, des engagements assumés. L’été ne doit pas être un angle mort, mais doit au contraire être un moment où les politiques publiques montrent leur efficacité et leur capacité à prévenir.
Cet été, restons vigilants, pour que les jours heureux ne soient pas fragiles. Rendez-vous dans ce temps suspendu de l’été, là où la prudence fait aussi partie du paysage, et où veiller sur les autres est un voyage collectif.