À Albi, défendre le rôle vital des départements pour nos territoires et nos habitants
Les Assises des Départements, organisées cette année à Albi, rappellent avec force une réalité essentielle : nos départements forment l’armature invisible de la solidarité qui relie les habitants - une fraternité qui prend corps au cœur de nos territoires. En tant que président du Département, en tant que citoyen, je mesure chaque jour combien cet engagement est vital : du premier au dernier souffle, le département accompagne, protège et soutient chacun, partout et pour tous.
Ces rencontres mettent en lumière le rôle du département comme échelon de proximité et garant d’équité territoriale. Entre villes et campagnes, entre quartiers populaires et zones rurales, nous agissons pour que chacun ait accès aux mêmes services, aux mêmes chances. En Essonne, cet équilibre guide notre action : veiller à ce que les petites communes disposent de moyens comme les grandes, à ce que les espaces périphériques partagent les fruits de la dynamique métropolitaine. Pour que l’excellence développée sur le plateau de Saclay soit une chance pour l’ensemble du département, pour que le métro du Grand Paris ne devienne pas une frontière mais un pont. Les Français se reconnaissent dans cette échelle départementale deux fois centenaire, profondément ancrée dans leur vie quotidienne : un espace d’appartenance, un cadre de confiance et d’identité partagée.
Un rôle stratégique, à la mesure des enjeux humains
Nos missions se heurtent aujourd’hui à des exigences croissantes et des dépenses incompressibles. Les départements assument des responsabilités que l’État leur confie, souvent sans compensation suffisante, et doivent composer avec la complexité des prises en charge du handicap, du vieillissement, et la hausse des coûts des politiques sociales. Cette situation appelle une clarification durable des responsabilités et une sécurisation pérenne de nos ressources. À Albi, le Premier Ministre Sébastien Lecornu a ouvert une voie par deux annonces : l’affectation d’une part de la CSG aux départements, en cohérence avec nos politiques sociales et sanitaires, et la fin du Dilico, dispositif de mise en réserve de nos recettes fiscales. Voilà deux signaux politiques clairs et des leviers susceptibles de renforcer structurellement nos capacités d’action, qui doivent maintenant être confirmés dans le projet de loi de finances.
En Essonne, nous choisissons de faire face à ces défis avec lucidité et ambition. Chaque année, nous mobilisons plus de 40 millions d’euros supplémentaires pour répondre à des besoins essentiels en forte progression. Ces dépenses sont une charge, mais elles traduisent notre exigence visant à garantir un accompagnement complet sur l’ensemble du territoire, et à maintenir une qualité exemplaire des services pour chaque habitant. Elles témoignent de notre détermination : faire vivre pleinement l’équité territoriale entre communes et quartiers, accompagner les plus fragiles et exercer notre solidarité avec efficacité.
Clarifier les compétences pour mieux agir
Protéger nos missions fondamentales - solidarité, protection de l’enfance, éducation, accompagnement des personnes âgées et des personnes handicapées - exige une véritable clarification des compétences - un impératif que le Premier Ministre a rappelé à Albi. Trop souvent les champs d’intervention se superposent générant dossiers croisés, subventions redondantes, temps perdu et coûts supplémentaires. Les départements prennent fréquemment sur eux d’assumer des responsabilités relevant de l’État, pour garantir un accompagnement cohérent et fiable pour tous les habitants. Avant de décentraliser il s’agit donc d’établir un diagnostic préalable précis de la pertinence de chaque compétence, pour que chaque mission ait un pilote clair et les moyens adaptés.
Les départements doivent aussi devenir l’échelon central des réseaux territoriaux. Depuis deux siècles, nous entretenons les routes départementales ; plus récemment, nous avons fibré nos communes avec succès. Cette même logique d’efficacité et de proximité pourrait demain s’appliquer aux réseaux d’énergie, d’eau, de gaz ou aux nouvelles énergies. Ce sont ces “réseaux de vie” qui structurent nos espaces, et leur pilotage par les départements est une garantie d’équilibre et de cohérence.
Une mobilisation collective et différenciée
Le congrès d’Albi a été l’occasion de partager les bonnes pratiques et de rappeler que les départements, unis dans leur diversité, forment une communauté d’action - au sein de laquelle chacun agit selon ses propres réalités. La géographie, la sociologie, la démographie, l’histoire sont autant de molécules qui définissent l’ADN unique de chaque Département. En Essonne, territoire traversé de mutations économiques et sociales profondes, le Conseil départemental doit veiller à ce que la dynamique portée par la métropole-capitale profite à tous : chaque habitant, chaque commune, chaque quartier doit pouvoir bénéficier de services de qualité et d’opportunités équitables. Cette vigilance nous permet de préserver les missions essentielles, d’anticiper les besoins futurs et de garantir une action publique efficace, juste et responsable.
Agir pour l’avenir de nos territoires
Les départements se trouvent à un carrefour : préserver leurs missions historiques, clarifier leurs compétences et assurer une équité territoriale durable constituent désormais trois exigences indissociables. Héritage historique français, les départements ont traversé les épreuves du temps ; c’est dans leur diversité que s’affirme la force de leur action commune. Défendre l’échelon départemental, c’est préparer l’avenir du pays, avec responsabilité, vision et confiance. À Albi, j’ai rappelé notre ambition essonnienne : nos politiques de solidarité structurent la collectivité, équilibrent les chances et préparent l’avenir, au cœur d’un espace contrasté où cohabitent singulièrement risques et opportunités. Chacune de nos interventions fait du département simultanément un garant de cohésion et un levier d’attractivité.
À l’heure où le Parlement s’apprête à voter le budget national, chacun mesure l’importance de ce moment : assurer aux collectivités les moyens d’exercer pleinement leurs missions, c’est confirmer notre choix de société : une solidarité effective, un service public fiable et un équilibre entre les territoires assumé. Les annonces du Premier Ministre à Albi ont ouvert une perspective ; il revient désormais à la représentation nationale d’honorer ce rendez-vous.