80 ans de PMI, de la naissance à l’avenir

©T. Cochet-Peduzzi

Cette année, la France célèbre un double anniversaire fondateur de notre modèle social : les 80 ans de la Sécurité sociale et ceux de la Protection maternelle et infantile (PMI). Née en 1945, dans l’immédiat après-guerre, la PMI répondait à un double impératif : réduire une mortalité infantile encore alarmante, et soutenir les familles françaises alors que notre démographie avait été profondément fragilisée par les conflits mondiaux. Ce service public s’inscrivait dans un projet national ambitieux, visant à garantir à chaque enfant les conditions d’un développement sain, et à offrir aux mères et aux familles un accompagnement concret et universel. Depuis plus de 40 ans, le Département de l’Essonne assume pleinement cette mission, à travers 60 centres et près de 500 professionnels mobilisés quotidiennement, veillant à ce que chaque naissance trouve sa place et chaque famille un appui fiable.

La PMI, un service public universel pour toutes les familles

La PMI incarne le premier contact entre le parent et le service public : chaque année, 18 000 familles essonniennes reçoivent le carnet de santé de leur enfant, témoin silencieux des premiers soins et d’un suivi attentif. Cet accompagnement se déploie dès la grossesse, avec un suivi médical individualisé, des visites à domicile et des conseils de puériculture. En 2024, 3 000 femmes ont été suivies tout au long de leur grossesse, 474 visites à domicile ont été réalisées, et plus de 30 000 entretiens de puériculture ont permis un suivi bienveillant et individualisé.

Les enfants de 4 ans bénéficient d’un dépistage systématique en maternelle, permettant d’identifier d’éventuelles difficultés de langage, de motricité ou de socialisation et de les orienter vers des prises en charge adaptées. La vaccination, autre pilier fondamental, a permis la réalisation de 33 800 actes en 2024, garantissant une protection collective dès les premiers mois. Dans le domaine de l’accueil du jeune enfant, plus de 30 000 places sont disponibles dans 382 établissements, encadrées par 7 760 assistants maternels et 417 assistants familiaux. Le Département s’assure ainsi que chaque enfant bénéficie d’un environnement sécurisé pour son éveil et sa socialisation.

Faire face aux nouvelles fragilités

Si la PMI a permis des progrès considérables, ces acquis ne sauraient être considérés comme définitifs. Des signaux préoccupants apparaissent : la tuberculose montre des signes de reprise, et la mortalité infantile reste préoccupante dans certaines situations. Les causes sont multiples : natalité plus tardive, précarité et inégalités d’accès aux services publics. Les familles monoparentales, dont la part est passée de 9,4 % à 25,9 % entre 1975 et 2021 en France, illustrent ces nouvelles fragilités : elles regroupent aujourd’hui plus de 2,4 millions de foyers et près de 6,2 millions de personnes, avec un taux de pauvreté proche de 20 % - contre 7 % pour les couples avec enfants.

Les enjeux éducatifs et sociaux actuels exigent également une vigilance renouvelée. L’exposition précoce à des situations d’exploitation, le rapport au corps chez les jeunes filles et la nécessaire éducation à la sexualité sont au cœur des missions des centres départementaux de santé sexuelle et des CeGIDD. Ces services offrent un accompagnement confidentiel, gratuit et accessible à tous, avec plus de 1 000 IVG réalisées et 5 000 consultations sur la contraception en 2024, donnant aux jeunes et aux familles des outils pour comprendre et protéger leur santé corporelle et relationnelle.

Les 1 000 premiers jours de tous les possibles

« Tout se joue avant 3 ans » : ce constat du neuropsychiatre Boris Cyrulnik a conduit le Département à anticiper l’avenir avec les Maisons des 1 000 premiers jours, des lieux d’accueil et de conseil pour les parents, associant partenaires institutionnels et locaux comme la CAF, la CPAM et les Relais petite enfance. Ces maisons offriront un suivi renforcé, des ateliers de prévention précoce, un accompagnement parental et des conseils sur le langage. Elles incarnent la PMI de demain : proches des familles, collaboratives et innovantes, elles font de la prévention et du soutien à la parentalité une exigence partagée de l’action publique. Le langage des tout-petits, au cœur de la réflexion départementale pour 2026, fera l’objet d’un plan spécifique présenté prochainement. Il visera à renforcer les interventions précoces et à soutenir l’éveil langagier dès les premiers mois.

Parallèlement, le Département poursuit des actions concrètes : 30 000 enfants de moins de 6 ans sont suivis chaque année, 17 670 ont bénéficié en 2024 d’un entretien de puériculture ou d’une consultation médicale, et 3 130 visites à domicile ont été réalisées pour 1 710 enfants de moins d’un an. Des actions collectives - portage, massage, lecture, yoga bébé - et 16 lieux d’accueil enfants-parents nourrissent le lien parents-bébé et l’éveil de l’enfant.

Pour célébrer en Essonne ces 80 ans, une semaine d’événements se déroulera du 3 au 7 novembre 2025 : exposition sur le langage à l’Hôtel du Département et dans les PMI dont les portes seront ouvertes à tous, table ronde avec des experts, inauguration de la première Maison des 1 000 premiers jours à Savigny-sur-Orge et journées dédiées à la santé sexuelle à Soisy-sur-Seine et Évry-Courcouronnes, offrant à tous l’occasion de découvrir et d’échanger sur les missions départementales.

Présence et constance, pour voir demain s’écrire

En Essonne, nous avons fait le choix d’investir dans la prévention et le soutien à la parentalité, car chaque enfant mérite de grandir dans un environnement sûr, épanouissant et stimulant. La PMI incarne un engagement collectif, historique et quotidien envers les enfants et les familles. Alors que nous célébrons ses 80 ans, rappelons-nous que cette mission n’est jamais définitivement accomplie : protéger, prévenir et accompagner chaque famille reste notre responsabilité première, pour que chaque naissance soit l’aube d’un avenir dont les promesses ne souffrent d’aucune excuse. Le Plan départemental de maîtrise du langage, dont les mesures seront bientôt annoncées, doit donner à chaque petit Essonnien rendez-vous avec les mots pour tisser, demain, le fil de son propre récit.

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