COP91 : penser, maintenant, l’Essonne en 2100
En Essonne comme partout en France, les étés sont déjà plus longs, plus secs, plus chauds. À Brétigny, à Évry, à Dourdan, le thermomètre dépasse les 35 °C de plus en plus souvent, et ce qui faisait autrefois exception s’installe durablement, se mue en tendance lourde. Alors que le climat change sous nos yeux, le Département et les services de l’État ont lancé en 2024 une COP départementale - la première en Île-de-France à rassembler aussi largement élus, experts, associations, entreprises et citoyens - pour penser, et mettre en œuvre, une réponse collective efficace au changement climatique. Nous avons ouvert, avec Madame la Préfète Frédérique Camilleri, cette seconde édition ce 10 juillet 2025 en présence d’Augustin Augier, Secrétaire général à la planification écologique.
Depuis deux ans, cette démarche associe diagnostic, partage de connaissances et construction de solutions concrètes. Notre objectif est d’anticiper, d’adapter, et de faire de la transition un levier d’innovation, de justice sociale, et de transformation positive du territoire.
Un territoire à +4 °C
Si l’Essonne poursuit sa trajectoire actuelle, d’ici 2100, les jours très chauds - au-delà de 35 °C - seront multipliés par dix. Dix jours par an où les températures avoisineront les 40 °C dans les zones les plus urbanisées, déjà soumises à des îlots de chaleur urbains qui ajoutent entre 2 et 4 °C au thermomètre. Et quand le soleil se couche, les nuits tropicales, traversées par une température qui dépasse les 20 °C, passeront de quelques-unes à plus d’un mois par an.
Ces évolutions ne sont plus des possibles : elles ont été modélisées de façon précise, à l’échelle locale selon nos spécificités territoriales, à partir des données de Météo France et des projections climatiques retenues à l’échelle nationale, et décrivent un futur qui impose de repenser nos priorités. Les effets de ce changement se précisent : intensification des précipitations extrêmes, sécheresses plus longues, risques d’inondations par ruissellement… Ces bouleversements vont impacter l’accès aux soins, les transports, la sécurité des biens et des personnes, les infrastructures… autant d'inconditionnels de la solidité d’un territoire.
L’eau, la forêt, le bâti : là où tout commence
Au-delà du diagnostic, cette COP départementale 2025 vise à se saisir de sujets concrets, sur lesquels nous pouvons agir dès maintenant. Car j’ai la conviction que les décisions prises localement, au plus près du terrain, ont la capacité d’infléchir puissamment le cours des choses. Pour cela, il faut écouter, confronter les points de vue, croiser les expertises. Quatre grands enjeux m’apparaissent prioritaires, à la croisée de l’urgence climatique, des spécificités essonniennes et de nos marges d’action immédiates.
L’eau est un premier enjeu majeur. En Essonne, l’urbanisation s’est beaucoup développée le long des vallées, au plus près des rivières. Or, le cycle de l’eau est mis à rude épreuve par des pluies plus intenses et des sécheresses plus fréquentes. Désimperméabiliser 1 m², c’est 600 litres d’eau par an restitués à la nature : un geste simple, reproductible par toutes et tous. Le Département s’y engage : plusieurs hectares ont déjà été identifiés dans les cours d’école, sur les voiries et les parkings pour être désimperméabilisés. À l’échelle de l’Essonne, ce sont des milliers de mètres carrés qui peuvent être rendus à l’eau et au sol : c’est tout l’enjeu des Assises de l’eau que nous préparons avec les communes et les syndicats - mutualiser les efforts, partager les solutions, et accélérer ensemble la transformation.
La forêt, qui couvre 23 % du territoire essonnien, est un marqueur fort de notre identité. Elle structure l’équilibre entre ville et campagne, offre un espace de respiration aux habitants, et façonne ce lien singulier à la nature qui fait qu’on aime vivre en Essonne. Mais ce patrimoine est mis à l’épreuve : certaines espèces deviennent plus vulnérables voire disparaissent, fragilisant les équilibres actuels, et les risques s’intensifient - incendies, sols fragilisés, surfréquentation. Le Département, gestionnaire de 11 forêts départementales, agit. Les moyens de lutte contre les feux ont été doublés (de 3 à 8 camions), les actions de sensibilisation renforcées, et un partenariat est en cours avec l’ONF pour mieux identifier les risques et suivre l’évolution des peuplements.
Parmi les fragilités plus discrètes mais tout aussi préoccupantes, celles du bâti sont centrales. Le phénomène de retrait-gonflement des argiles concerne 72 % du territoire et plus de 90 % des communes. À l’échelle du Département, plus de 241 000 logements sont exposés, et les sinistres se multiplient ; chaque projet de construction devient alors un levier d’adaptation. Le Département accompagne les communes pour intégrer le risque dès l’instruction des permis, sensibilise les maîtres d’ouvrage, et soutient des solutions concrètes : végétalisation des cours et toitures, revêtements clairs, infiltration à la parcelle, recours aux matériaux biosourcés. Une charte de la construction durable est en préparation pour inscrire ces pratiques dans le temps long.
Enfin, la création d’une société d’économie mixte départementale marque une étape décisive pour accélérer la production locale d’énergies renouvelables. L’Essonne ne produit aujourd’hui que 6 % de l’énergie qu’elle consomme, mais la marge de progression est réelle : nous avons la capacité de doubler, voire tripler cette part dans les années à venir. Ce n’est pas seulement un enjeu écologique : produire localement, c’est aussi gagner en autonomie, en emplois, en pouvoir d’achat et en résistance aux aléas extérieurs.
Une trajectoire collective et durable
L’Essonne rassemble des forces uniques face au changement climatique : ses forêts, ses cours d’eau, véritables poumons verts, sont des alliés précieux qu’il nous faut préserver et cultiver. Notre territoire abrite une communauté scientifique reconnue, animée par le plateau de Saclay et les laboratoires d’Évry, qui nous accompagnent pour inventer et expérimenter des solutions adaptées. L’implication de nos habitants, et des collectivités locales, fait naître des initiatives qui forment les fondations sur lesquelles nous construirons un avenir plus sûr et plus robuste.
Cette COP départementale marque une étape essentielle de concrétisation déterminante, alors que dès l’automne, des ateliers techniques doivent nous permettre de dessiner ensemble une Essonne capable de vivre et prospérer en 2100.L’adaptation est un engagement nécessaire à prendre ici et maintenant, collectivement et avec détermination. Nous avons les moyens, les compétences, et la volonté : hâtons-nous, toutes et tous, vers ce rendez-vous qui n’attend plus.
Consultez le Diagnostic de vulnérabilité au changement climatique pour le Département de l’Essonne, réalisé par les services de la Direction de la transition écologique en lien avec l’ADEME. L’étude de vulnérabilité précède le plan d’adaptation du territoire et permet de dégager les axes prioritaires d’action à mener, tout en permettant un état des lieux global et le plus précis possible. Ce rapport se base sur la méthode TACCT de l’ADEME, le Département étant lauréat de l’AMI TACCT et ayant intégré la démarche. Il s’appuie sur des nombreux travaux et études comme ceux du GIEC, de l’Institut Paris Région, du SRCAE de 2012, de la PRACC, de la TRACC de l’ADEME, de Météo France, des chambres d’agriculture, des syndicats des eaux et avec le concours des différents services du Département.